Petit passage d'une autre fiction ...

Autres fictions, autres mondes ...
.. Voici, sortit droit de mon imagination, il y a un an, un petit passage d'une fic' ... hasardeuse !

Voici l'histoire d'une jeune fille tiraillée par ses soucis d'adolescente, ainsi que ses ' pouvoirs ' qui apparaissent lorsque quelqu'un est en danger ... Petit à petit, elle va découvrir qu'elle a été programmée et  modifiée pour sauver la planète de la violence. La fiction s'arrête au moment où elle découvre un cahier rouge bordeaux qui va lui révéler ses secrets.


PROGRAMME 75


Zut, plus que 5 minutes !

-Dépêche-toi Nina, tu vas encore être en retard ! explosa ma mère, exaspérée.

-Oui oui, je me dépêche !

-Tu me dis ça chaque fois, et chaque fois tu te réveille en retard !!

Je préférais ne pas insister, elle était déjà assez en colère comme ça. C’est vrai que je ne me réveille jamais à l’heure : c’est un mystère ; tous les matins, je mets mon réveil, et tous les matins, je me rendors, ou pire, je ne sors même pas de mon sommeil.

Après une tartine ( mal ) beurrée engloutie à toute vitesse et un jus d’orange but à un rythme digne d’entrer dans le livre des records, j’enfile le premier manteau qui me passe par la main. Pourvut que Léna, ma meilleure amie, m’ait attendu ! Ca m’étonnerait. Elle, si ponctuelle, est à mon avis déjà à la moitié du chemin du collège.

-Bon, à ce soir M’man !

-Mouais … Que tu ne sois plus jamais en retard serait le plus beau cadeau que tu puisses me faire, soupira t’elle.

Mince ! La fête des mères ! J’avais complètement oublié. Il est vrai que ce genre de fêtes commerciales n’est pas véritablement en haut de la liste de mes préoccupations. D’abord, il y a mon ouïe bizarrement très développée, surtout quand il s’agit d’entendre des agressions, des menaces ou des insultes. Ensuite, il y a mon esprit retardataire inévitable, pensais-je en claquant la porte de la maison. Après, il y a ma future dispute avec Léna ; elle allait encore me reprocher mon retard du matin, monologuant, intarissable, sur les conséquences de ma paresse …. Tout en dévalant l’escalier, je réfléchissais à une manière de calmer le jeu, cependant, rien ne me vint à l’esprit, à part celles auquel j’avais recouru précédemment. Courant à perdre haleine, je m’efforçais de la rattraper, aveugle essayant d’atteindre le soleil. Inévitablement, elle m’attendait devant l’entrée du collège, sa jolie figure encadrée de sa chevelure rousse flamboyante,  ses jolies lèvres froissée par une moue réprobatrice. Toujours à la mode, elle portait un slim bleu et un t-shirt chocolat où la phrase qui lui correspondait le mieux, « Happy Life » brillait de mille feux.

Si j’avais porté ce t-shirt, la phrase dessus mentirait.

Je me préparais mentalement à  recevoir ma réprimande. Cette journée serait décidément identique aux autres.

A un mètre d’elle, alors que je m’apprêtais à me jeter à ses pieds pour la supplier de me pardonner, je le vis. Il était seul au milieu de l’avenue à deux voies. Il avait de vieux vêtements usés, ses cheveux étaient en bataille, à moitié cachés sous son bonnet de laine. Il avait beau être vieux, il était beau. Jeune, il devait briller partout où il allait. Même ici, à côté de collégiens riches et bien vêtus, même habillé comme il était, il se distinguait de la masse. Une sorte de fluidité émanait de lui, alors qu’il était à l’arrêt, les bras et les jambes écartées comme il les avait. Le feu passa au vert des deux côtés. Regardant la mort en face, suicidaire bien conscient, il attendait la fin. Je devais le sauver, quel que soit son choix. Et puis, quelque chose de bien plus fort m’obligeait à me diriger en courant vers cet inconnu. C’était comme un sage que doit transmettre les règles de la vie aux plus jeunes. C’était même plus. Il avait besoin qu’on le sauve. Je le savais.

Courant, ignorant la douleur de mes jambes qui couraient cependant avec une force nouvelle, jamais encore dévoilée, je me précipitais au beau milieu de la route, les voitures à une dizaine de mètres de moi. Lui désormais contre moi, poussé par une inconnue à la force extraordinaire qui les propulsaient contre le trottoir d’en face.

Trente secondes s’étaient écoulées depuis que je l’avais aperçu.

Ouille !! La douleur me transperça lorsque nous atterrîmes sur le béton. Nous étions saints et saufs. J’avais réussi. Une main tendue apparut alors devant moi. Levant la tête, je ne vis plus rien à part l’étrange homme debout. J’étais stupéfaite. Il ressemblait trait pour trait vieux monsieur que je venais de sauver …. En plus jeune. Non, ça ne pouvait être lui. Tournant la tête à droite puis à gauche, regardant au travers d’une Léna ahurie et d’une moitié de collège  ( dont le proviseur adjoint ) stupéfaits, je ne le vis pas. Où était il ? En attendant, je pris la main tendue. Elle était douce et ferme à la fois. Toujours en souriant ( un sourire dénué de défauts : blancheur éclatante, dents régulières et droites, bref, sourire hollywoodien … ), l’homme me souleva puis me mis debout. Etait ce un miracle ? J’en doute ; je ne suis pas superstitieuse. Mais alors pourquoi cet autre inconnu voulais m’aider ?

Personne dans ce quartier du 16ème ne pourrait y songer.

Ils étaient riches, seuls au monde, et le reste importait peu.

Prenant soudain conscience du monde alentour – à part le sublime homme qui me tenait toujours par la main – je décide alors de me tourner. Zut de zut, j’étais le centre d’intérêt général. Et je n’aimais pas ça. Mais alors pas du tout.

Soudain, j’aperçus une marée humaine courir vers moi – impossible de la retenir. 

Des visages familiers apparurent, puis tout devint noir.

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En voyant la pince en fer brillant s’approcher de moi, je pris peur, me débattant de toutes mes forces. Rien n’y fit, j’étais attachée.

L’homme sourit puis enleva son masque : le bel inconnu, avec un masque et un manteau vert.

-Ma chère petite, nous allons effectuer des manipulations génétiques sur toi.

Tétanisée, je ne pouvais dire un mot. Mes bras tirèrent pour se libérer ; rien à faire.

-Nous sommes en 2030, continua un autre homme en blouse blanche.

-Tu vas subir un gros lavage de cerveau, acheva le sublime.

Ils s’éloignèrent puis commencèrent à chuchoter. Je dus tendre l’oreille pour les entendre.

-Tu crois qu’elle marchera Carles ? demanda celui en blanc.

-Bien sûr ! Dans 1 jour, elle fonctionnera à la perfection, répondit le vert.

- … Nous aurions put le faire sur un homme d’abord, élucida le blanc.

-Non, elle sera parfaite, je te le dis Raphaël !

Soudain ils se tournèrent vers moi. Ils savaient que je les avaient espionnés. Le blanc interrogea le bel inconnu du regard, et celui-ci répondit par un haussement d’épaules.

Toujours en souriant, il remit son masque puis repris sa pince.

J’allais mourir. Fermant les yeux une dernière fois, j’attendis que tout redevienne noir dans cette maudite salle blanche éclairée aux néons.

Cela se produisit plus vite que je ne l’aurais cru.

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Me réveillant en sursaut et poussant un cri strident, je me levais d’un coup sur mon lit qui gémit sur le coup – me cognant la tête au passage, hématome de plus dans ma collection. J’étais trempée de sueur. Ce n’étais qu’un rêve ….Tout étais pourtant si réel !

C’est alors que j’entendis quelqu’un se rapprocher en courant.

-Ma petite, tout va bien ? me questionna la personne que j’identifiais comme l’infirmière.

L’infirmerie ? Pour quelle raison y étais-je ?

Soudain, tout me revint en mémoire. Mon retard du matin. Léna au pied du collège …

Le vieux monsieur !!! Mais oui ! J’avais couru pour le sauver. Où était-il ? Allait-il bien ?

-Où, où … Où est le monsieur que j’ai sauvé ? demandais-je à l’infirmière.

-Quel monsieur ma chérie ?

-Le … Le monsieur suicidaire !

-Il n’y a pas eu de monsieur … Tu as encore dut faire un cauchemar.

-Encore ?

-Oui, tu as gesticulé, crié pendant toute la journée. Tu es même tombée du lit !

-Toute la journée ?! Mais quelle heure est-il ?

-Il est 18h. D’ailleurs, ta maman ne va pas tarder. Ton amie Léna t’attends à côté. Tu veux la faire rentrer ?

-Euh … Oui, merci.

Même si elle allait encore me disputer, j’avais besoin de parler à une personne qui avait été témoin de la scène. Pas à une infirmière qui s’en tient aux ragots.

Toc ! Toc ! Toc !

-Oui … dis-je d’une voix qui me sembla faiblarde.

- C’est moi, me répondit un soprano que je connaissais bien.

-Léna, je suis désolée pour ce mat…

-Oh, Nina, tu m’as fait tellement peur ! Qu’est ce qui t’as pris de te jeter sur la route ?!

-Mais je…

-Mon Dieu, et dire que le feu passait au vert ! Heureusement que ton élan t’a emporté sur le trottoir …

-Mais Léna je n’ai pas voulu me suicider, j’ai juste voulu le sauver …

-Sauver qui ? Un escargot qui traînait sur la bande blanche ? Franchement Nina, je ne…

-Mais non, le S.D.F qui allait mourir ! C’est lui qui voulait se suicider !

-C’est faux Nina ! Il n’y avait personne sur la route, sauf une fille cinglée qui s’y est jetée tête la première ! Tu as vraiment dut te prendre un gros coup sur la tête ….

Je ne comprenais rien, tout cela avait existé ! Je le sais, j’en suis sûre. Seulement, personne à par moi n’a vu le S.D.F. C’est tout. C’est alors que j’entendis une porte claquer. Tournant vivement la tête  - mon hématome voulant montrer qu’il était bien présent, j’eus un mal pas possible en faisant ce mouvement – je remarquais que j’étais à nouveau seule dans la pièce. Soupirant, je mis mes mains dans mes poches. Mes doigts de la main gauche sentirent une texture autre que celle du jean. Une texture qui n’y étais pas avant.

Du papier.

Si il vous est déjà arrivé d’être surpris au point que votre cœur s’arrête puis reprenne à très vive allure, alors vous comprendrez. Si vous n’avez jamais ressenti ça, alors vous faire par de

mon émotion sera compliqué.

En voyant ce morceau de feuille, mon regard s’accrocha en premier sur le texte dactylographié noir.

« Tout animal n’a pas toutes propriétés.

Nous vous avons donné diverses qualités :

Les uns ont la grandeur et la force en partage ;

Le faucon est léger, l’aigle plein de courage ;

Le corbeau sert pour le présage,

La corneille avertit des malheurs à venir ;

Tous sont contents de leur ramage.

Cesse donc de te plaindre, ou bien, pour te punir,

Je t’ôterais ton plumage. »

A la suite du texte que je reconnu comme du La Fontaine* était inscrit à la main cette fois, rédigé en une très belle écriture qui me sembla, contre toute attente, familière :

« Et que penses-tu de l’Homme ? »

Cette question me surpris, une fois de plus. Après tout, en lisant le texte, elle semblait légitime. Et pourtant si étrange. Du bout du doigt je caressais le poème, me demandant comment cette feuille était arrivée dans ma poche, quand soudain, je sentis un creux, comme quand on appuis trop fort avec son stylo …

Retournant alors la feuille, je remarquais pour la première fois le petit texte manuscrit écrit de la même écriture familière et pourtant inconnue, même en fouillant ma mémoire :

«  La vie n’est pas injuste. Tu dois sauver ton prochain. Aime le et protège le. »

Puis, plus loin :

« Rentre chez toi et tu auras d’autres informations. Je suis heureux de t’avoir conçu, car aujourd’hui, mon expérience m’a sauvé la vie.

Nous avons réussi le Programme 75, Raphaël et moi. Encore merci,

Ton créateur. »

Toutes ces paroles incompréhensibles et incohérentes étaient trop difficiles à comprendre pour l’instant.

C’est frustrée et angoissée que je sombrais dans le pays des rêves, monde merveilleux où l’on peux se permettre pas mal de fantaisies.

*La Fontaine, Le Paon se plaignant à Junon.

Mes yeux s’ouvrirent seuls, presque au même moment où j’envisageais de le faire.

Il n’y avait pas de temps de compréhension entre la pensée de l’action et l’action.

Je me sentais forte, nouvelle. Une glace me renvoya mon image, et je me souris. J’étais belle.

Quelque chose de pâteux me gênais la bouche et j’en sentis de suite la saveur douce et amère. De la morphine.

Soudain, au moment où je me demandais pourquoi cet anesthésiant se trouvait là, l’homme en blouse blanche de l’opération précédente apparu comme par magie. Carles.

Il me sourit, sourire irrésistible et craquant.

-Tu es très belle, Nina. Forte et Belle !

Je rougis de plaisir et lui décochais un superbe rehaussement de commissures des lèvres.

Il fit la moue. Je ne compris pas, et mon sourire se fana.

Alors il me demanda :

- Que penses-tu de l’Homme ?

- Je …

- Bien, mais faux ! Il sourit d’un sourire narquois – sa phrase n’avait aucun sens ! Bien mais faux ?! Je n’y comprenais rien !  Suivant : Qui est ton créateur ?

- Je ne …

- Bien toujours, mais encore faux ! Suivant : Que signifie Programme 75 ?

- …

-Zéro ! Frappez-la à coups de bâton puis donnez lui des sucreries, dit Carles en souriant sournoisement. Elle ne sait rien. Rien du tout.

Trois hommes à la musculature impressionnante s’approchèrent avec les bâtons.

Je n’eus pas le temps de réagir. On me frappa, encore et encore …

Gémissant de douleur, je plongeais dans le coma.

Je me réveillais dans la même salle blanche  dans laquelle j’avais cru mourir.

Alors tout s’assembla. On m’avait «  modifiée génétiquement » dans cette salle, on m’avait frappée ici, et je venais d’ouvrir les yeux au même endroit. Un gémissement de peur sortit de ma bouche, petit cri de souris apeurée, puis, instinctivement, je me recroquevillais sur le siège où j’étais attachée. Qu’allait-on me faire maintenant ?

-Nina, tout va bien ? Nina, répond-moi je t’en supplie !!

On me secouait, encore et encore. Ma tête pleine d’hématome m’envoyait des décharges électriques, puis des douleurs lancinantes, puis encore des décharges …

- Nina !!

- Aïe !!!

- Désolée ma chérie ! Oh mon Dieu, tu vas bien ? My God, my god !

- Argh, répliquais-je en sentant la terrible douleur de mon cerveau et de ma tête.

- Tu as mal ? Où ça ? Dis-moi !

A part les cris, il me semblait que rien ne pouvait sortir de ma bouche.

- Laisse … Je t’en pris, réussis-je à m’arracher.

- Comme tu voudras … Appelle-moi si tu as besoin de quoi que ce soit.

Ma mère sortit de ma chambre en marmonnant dans sa barbe.

Je pris alors sur ma table de nuit un somnifère et un calmant. Je m’endormis.

Cette nuit là fut dénuée de rêves.

Je me réveillais en sursautant. Le réveil rétroprojecteur indiquait 02H13.

Me rallongeant, je sentis une fois de plus mes hématomes se manifester.

Je tendis la main vers la table de nuit puis la  reposais en soupirant.

A quoi bon lutter contre la douleur si elle me faisait oublier mes cauchemars ?

J’avais mal, très mal, et à beaucoup d’endroits différents, à l’intérieur aussi bien qu’a l’extérieur. Je dressais une liste mentale :

- La tête – oh oui, la tête ! Intérieur.

- La tête extérieur – hématomes sournois !

- Le visage, en particulier la bouche …

- Le cou : extérieur.

- La gorge : intérieur.

- La poitrine : extérieur.

- La poitrine : intérieur …

Trop de choses à compter. J’avais mal partout.

Puis je me rendis compte que je voyais ma chambre comme en plein jour … Sauf que nous étions la nuit. C’était impossible ! Me tournant vers mon bureau, je distinguais alors un cahier rouge bordeaux qui ne m’appartenais pas. De nature curieuse, je voulus bien évidemment

savoir ce que c’était, et je le voulais immédiatement . Mais mes blessures continuaient de me faire mal et je ne pouvais pas bouger. Alors, même si je savais que ça ne servirais à rien, je me mis à penser très fort : « Viens, petit cahier ! Viens, j’ai trop mal pour bouger. Tu as peut-être un rapport avec ce Programme 95 … Euh, non 75 ! Le Programme 75 ! Viens ! »

Au moment même où les mots «  Programme 75 » fut prononcé, le cahier m’obéis.

Et il est venu ! A cet instant, quelque chose de doux se plaça entre mes doigts.

Du velours. Un cahier en velours rouge bordeaux.

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